Je suis partie en Pologne, mon pays natal, au premier jour de la sous-période de Saturne. Cette sous-période dure jusqu’à la fin du mois d’avril. Pourtant, ma période principale de cette année passe sous l’influence du Mercure, la planète sous laquelle je suis née et qui désigne mon destin.
Je suis aussi sous l’influence de Vénus une bonne partie de l’année. Vénus, la planète de l’amour, de la maternité et du succès professionnel.
Je ressens une sorte d’appréhension malgré tout. C’est la première fois depuis neuf ans que je me rends en Pologne. C’est un voyage dans un passé que je ne souhaiterais pas revivre.
Saturne est une planète maléfique. Selon l’astrologie védique, elle nous renvoie tout notre karma du passé, elle nous fait payer toutes les erreurs que nous avons faites dans nos vies passées. Ses additions sont souvent chères et se traduisent par des pertes, de la solitude, de la tristesse. Saturne nous rend plus authentiques, moins pressés, plus profonds, plus réfléchis.
Est ce que c’est Saturne qui a choisi la date de mon voyage en Pologne ou bien est-ce une coïncidence ? Ou alors est ce que c’est moi, qui, influencée par Saturne, ai choisi ces dates ? Qui sait ?
Je croyais que mon choix de la date de mon voyage était très rationnel, pragmatique. Après la fête de Pâques, les billets d’avions étaient moins chers.
Pour quelqu’un qui a décidé d’emprunter la voie spirituelle, Saturne peut l’aider à se débarrasser de toute sorte d’attachement.
Pourtant il m’a fait me détacher de presque tout: de mon pays natal, de ma famille, de mon métier adoré, de mes biens, de mes amis, vraiment de tout.
Une semaine plus tard, je connais la réponse. Ma mère part, doucement mais inéluctablement. Elle perd la mémoire, elle perd sa liberté, elle perd son autonomie.
Elle a perdu aussi sa langue de vipère. Maintenant elle est comme un enfant et moi, je deviens sa mère qui doit veiller sur elle à distance. Elle ne veut et ne peut venir vivre en France, moi, je ne veux ni ne peux retourner en Pologne. La période la plus difficile commence pour nous deux.
